Trésor TSHILUMBA : Ma rencontre avec Mzee Kabila (part 1)
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Mzee Laurent Désiré Kabila, ancien président de la RD Congo |
Je me souviens de la première fois que
j'ai entendu parler de Mzee Laurent Désiré Kabila!
C'était lors des causeries avec les
enfants de mon quartier d'enfance à Dipumba. Certains les décrivaient comme un géant qui
pouvait d'une main casser une noix de coco ou enrouler une barre métallique.
D'autres les décrivaient comme un monstre qui pouvait se déplacer sous le sol
avec une arme qui creuse des tunnels. La légende racontait aussi qu'il avait une
arme appelée 'Tshingoma tshia mwambuyi' qui pouvait, juste par son seul retentissement, paralyser toute autre arme dans le rayon de plusieurs
kilomètres.
Les exploits de Kabila étaient tellement effrayants qu'on s'amusait à faire sursauter les amis en leur disant : "tiens, attention Kabila est derrière toi ! ". Tout cela créait une telle curiosité et frayeur à l'égard du héros qu'on apprenait désormais à aimer sans vraiment le connaître.
Les femmes puisant l'eau aux robinets, les hommes
devant leur planche de jeux des dames, les filles pendant leurs jeux du soir...
Tout le monde parlait de Kabila.
Cela était devenu tellement à la mode
qu'on en avait fait des chants, des épopées et même des cris populaires. Il y avait
même des vieux dans le quartier qui se faisaient appeler Kabila !
J'étais trop jeune pour comprendre tout
ce qu'il se passait. Mais pas aussi jeune pour oublier le 17 mai 1997, le jour
où celui qu'on redoutait a accédé aux plus hautes fonctions de la République
Démocratique du Congo, qui jusque la veille s'appelait encore Zaïre. Oui, le
grand Zaïre du maréchal Mobutu Seseko, le léopard affaibli par la maladie, l'abandon, le rejet et le poids d'une guerre perdue à l'avance.
Ce 17 mai, un samedi pas comme tous les
autres. Papa était au troisième trait. C'est comme ça qu'on appelait la garde, ce travail de nuit de l'infirmier qu'était mon père. Au troisième trait, on
entrait à six heures le soir pour sortir le lendemain à huit heures. Mais il est déjà 10 heures ce samedi
matin. Papa n'est toujours pas encore rentré. Pas moyen de le joindre sur son
portable, nous sommes en 1997. Si on aurait eu un portable, on serait tous attentifs à
l'entendre sonner. Mais tous ce qu'on entendait jusque-là c'était des coups de
feu. Oui des tirs dans tous les sens, qu'il était difficile de faire la
différence entre les calibres 12 des DSP de Mobutu et les Kalachnikovs des
kadogos de Mzee.
Il a fallu attendre jusqu'à midi pour
voir papa arriver, son blouson pendant sur son bras droit, son sac en
bandoulière et marchant à grands pas.
Quel fut notre soulagement de le voir
enfin arriver ! Nous avons tous couru pour nous agripper qui à ses jambes,
d'autres à son cou et ses bras encore tremblants.
Kabila..., balbutie papa. Il n'avait pas
encore fini sa phrase quand un bruit violent rompt le petit moment de
soulagement. C'est un coup de feu, juste à quelques mètres de la maison
familiale.
Trésor TSHILUMBA
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