Marché-pirate ou entrepreneuriat rebelle?
Marché-pirate ou entrepreneuriat rebelle?
Tu as dit pirate?
Vous avez certainement déjà entendu parler des navires pirates, des pirates informatiques, des pirates de l'air, PIRATE tout court. Je vois un autre qui pense à Pirates des Caraïbes.Peu importe ce qui peut vous venir à l'esprit, je parie que c'est souvent dans le sens péjoratif ou négatif que le mot pirate est souvent utilisé.
Il démontre ainsi un aventurier, quelqu'un qui pille ou détourne quelque chose ou quelqu'un de sa voie normale pour en tirer profit.
Je vous propose quelques définitions copiées sur Larousse.fr :
- Aventurier qui courait les mers pour se livrer au brigandage, attaquant les navires de commerce.
- Personne qui commet un acte de piraterie.
- Littéraire. Personne qui pille, s'enrichit des dépouilles d'autrui : Les pirates de la finance.
- Personne qui pille les ouvrages des autres en copiant ou en démarquant.
- En apposition avec ou sans trait d'union, indique qu'une activité se déroule dans la clandestinité, en dehors de la légalité, qu'un produit est ainsi obtenu : Radio-pirate. Édition pirate.
- Personne qui contourne à des fins malveillantes ou même détruit les protections d'un logiciel, d'un ordinateur ou d'un réseau informatique.
C'est plutôt la cinquième définition qui va nous intéresser. Mais pour tout comprendre il faudra lire cette courte histoire :
Le jeu de cache-cache
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Des policiers s’emparent de fruits. Photo : Alex Mulongo |
magasins ferment et certaines personnes dirigent déjà vers les arrêts de bus... C'est la fin de la journée. Presque la fin de la journée pour être correct. Car juste en face un mouvement inverse se produit. Mwambuyi descend du taxi-bus avec son panier des pains et se dispute la place avec Da mamy qui est entrain de dresser son étalage des légumes et tomates juste entre le vendeurs des antennes et la fille qui n'arrête de crier "beba dawa ya mpanya, inauwa na kukausha na kizazi kya mpanya" entre les deux dames qui se disputent la place, le vendeur d'antennes et celui des friperies, les klaxons des véhicules.... c'est un brouhaha confus aux croisements des avenues Lumumba et Kabila.
Mwambuyi n'a pas encore fini de poser ses pains quand un mouvement de panique générale se déclenche, on peut apercevoir une dizaine des policier sauter d'une Jeep de Police à la poursuite des vendeurs à la sauvette. La chasse est rude et féroce. Dans moins d'une minute, on pouvait voir : antennes, tables de change, paniers de pains et les jambes des personnes se faufiler en dessous des sièges dans la carrosserie de la Jeep qui file à vive allure...
C'est quoi un marché-pirate?
Cette scène n'est pas unique ni du moins rare au centre ville de Lubumbashi.
Le jeux de cache-cache entre les vendeurs ambulants et les agents de la police est un réalité courante. On les voit se faire embarquer des dizaines de fois et on le voit revenir des centaines des fois.
Ces centaines de personnes qui envahissent le centre commercial de Lubumbashi à la tombée du jour viennent pour la grande partie des zones périphériques et rurales de Lubumbashi.
Elles procèdent à la vente des produits de première nécessité, des friperies, chinoiseries et d'autres produits artisanaux. Leur cible, les travailleurs et personnes de passage en ville qui peuvent faire leurs achats en fin de journée.
Mais leur présence dans la rue n'est pas appréciée par les autorités municipales qui ne cessent de mettre en place des méthodes pour les chasser ou les décourager. Certaines marchandises ont été détruites ou simplement ravies par les "agents de l'ordre".
Certaines personnes interpellées sont relâchées aussitôt moyennant quelques cautions arbitraires.
- Pourquoi les autorités municipales et la police sont elles si dures avec ces marchands-pirates?
- Quelles sont les véritables raisons qui poussent ces personnes vendre dans la rue?
- Y-a-t-il moyen de réglementer ce commerce et organiser son déroulement?
Telles sont les différentes question que je me pose. Questions auxquelles vous pouvez m'aider à trouver les réponses.
Mais ce qui m'impressionne le plus, c'est le courage de ces personnes. Ces entrepreneurs rebelles qui malgré les différentes persécutions continuent à exercer et se battre pour leurs rêves. Entre elles des mères des familles, des orphelins, des veuves, des sans abris, des étudiants, des diplômés à la recherche d'emplois... C'est tout un écosystème travaillant sur une microéconomie, une économie de survie qui sont confrontés à plusieurs risques et cela chaque jour. Je ne veux pas les encourager à occuper la rue, mais leur courage et leur dévouement méritent mon encouragement.
Commentaire de Djo Kazadi sur Facebook : Le mot "pirate" comme toi même tu l'as élucide dans les différentes définitions dans ton article, est péjoratif. Qu'il s'applique pour des églises, des emplois,... Bref pour des circonstances bonnes ou mauvaises, il reste toujours un terme qui marque la négativité. Et du coup, à travers ceci, s'il faut que je réponde directement à ta question, je dirai que "Le marché pirate est très mauvais". Les vendeurs ambulants ou les marchands à la sauvette, sont des gens à décourager, ainsi que leur pratique. .Quelque part, ils ont droits aux excuses parce que le gouvernement n'a quasiment pas de politique de création d'emploi. Ces femmes, veuves, filles, fille-mères, étudiants, délinquants, shegués,... sont tous victime de cela, et par conséquent, chacun doit se rendre à l'évidence c'est à dire développer des mécanismes des survis. Voilà les résultats. Dans ce sens, la seule reproche que moi personnellement je peux leurs donner, c'est de ne pas laisser le passage pour nous les paisibles citoyens, car ces gens étalent leurs histoires sans tenir compte des passagers. T'es-tu déjà demandé, pourquoi reviennent ils de centaine de fois après qu'on les aient chassés des dizaines de fois? Et ben, la réponse et que ces femmes, ces enfants, ces hommes sont pour la plupart femme, enfant ou cousin de ces mêmes militaires qui les traquent, parfois c'est eux même, soldats, policiers qui se transforment en fin de journée en vendeur ambulants. Comme conséquence, difficile d'éradiqué cela. Mais notons aussi que ce phénomène, n'est pas l'apanage des Lushois seulement, non. ça se vit partout au pays, en Afrique et même en Europe (Ex: Château-rouge en France et Matonge en Belgique pour ne citer que cela.)
RépondreSupprimerSi l'on appelle "marché pirate", le commerce exercer sur des voies, aussi publiques soient-elles, alors les gens ne comprennent pas que ces gens ne font que ménager des efforts pour survire à cause de la défaillaince ainsi que de l'incapacité de l'État à satisfaire les besoins de la population.
RépondreSupprimerD'ailleurs, je puis penser que l'autorité laisse toujours cette brèche afin que cette population en misère ne se révolte contre elle, si jamais elle la pourchasserai pour la cause en marge.